Procès de l'ex-président du Liberia Charles Taylor: jugement attendu à La Haye

Publié le par Mamadou Saliou Kankalabe Diallo

L’ancien président libérien Charles Taylor, proces-taylor 0accusé de crimes contre l’humanité en Sierra Leone, sera fixé sur son sort ce jeudi 26 avril 2012, à La Haye, après cinq ans de procès devant la Cour spéciale pour la Sierra Leone. C’est la première fois que la justice internationale rend un jugement contre un ancien chef d’Etat.

Ex-chef de guerre devenu président du Liberia par les urnes, Charles Taylor, 64 ans, saura, ce jeudi, s’il est jugé coupable ou non de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il est accusé d’avoir soutenu, en Sierra Leone, les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) et d'être au coeur d'un trafic d'armes et de diamants. Il aurait ainsi créé et mis en œuvre un plan visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, grâce à une campagne de terreur, dans le but d’exploiter ses diamants durant la guerre civile qui a fait 120 000 morts entre 1991 et 2001.

Avant de devenir un chef de guerre redouté, Charles Taylor a vécu dans un milieu bourgeois d’origine afro-américaine. Il a connu l’université américaine puis la fonction publique libérienne où il a été surnommé « superglue » pour sa faculté à détourner des fonds. C’est d’ailleurs cela qui lui a valu son premier séjour en prison. Accusé, en 1983, d’avoir détourné 900 000 dollars, il est parti se réfugier aux Etats-Unis où il a été arrêté. Il s’est ensuite évadé avec, dit-on, le soutien de la CIA. Il a d’abord fui en Côte d’Ivoire et est ensuite parti s’entraîner à la rébellion dans des camps libyens.
 
Un chef de guerre avide de pouvoir
 
Dans la nuit de Noël 1989, Charles Taylor a déclenché, avec la rébellion du Front national patriotique du Liberia (NPFL), l’une des plus atroces guerres civiles du continent africain, recourant notamment au recrutement forcé d’enfants soldats. Ses combattants, souvent drogués, ont été accusés des plus cruelles tueries et atrocités, mutilations, viols et actes de cannibalisme.
 
En 1997, après un accord de paix, il se fait élire à la présidence au cours d’un scrutin paradoxalement jugé plutôt démocratique.
 
En 1999, c’est une nouvelle rébellion  - les Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd) - qui est lancée à partir du nord du Liberia. Elle finira par assiéger Charles Taylor, à Monrovia. Se sachant inculpé pour soutien aux rebelles du RUF en Sierra Leone et sous pression de la communauté internationale, Taylor a accepté, en 2003, de partir en exil au Nigeria. Il pense alors avoir échappé à la justice mais celle-ci le rattrape en 2006, date à laquelle il est arrêté et livré à la Cour spéciale pour la Sierra Leone.
 
« Tout ce qui s’est passé en Sierra Leone s’est passé aussi au Liberia »
 
Quel que soit le verdict contre Charles Taylor, les Libériens regretteront toujours de voir leur ancien président rester impuni pour les atrocités commises dans son propre pays. Au Liberia, Charles Taylor n’a jamais eu à répondre de ses actes devant la justice. Pas plus que qui que ce soit d’autre, d’ailleurs, malgré les recommandations de la Commission Vérité et Réconciliation. Pourtant, au Liberia, Charles Taylor a été accusé de nombreuses violations des droits de l’homme, d’abord comme chef de guerre ; puis comme président du pays, de 1997 à 2003.
 
En 2009, un rapport de cette Commission avait fait controverse avant d’être rangé au placard. Non seulement, elle citait Taylor parmi ceux qui devaient être poursuivis pour crimes de guerre, mais elle mettait aussi en cause plusieurs personnalités, parmi lesquelles l’actuelle présidente et Prix Nobel de la paix Ellen Johnson Sirleaf, accusée d’avoir financé le NPFL.
 
Joint par RFI, Maître Augustin Toe, ancien responsable de la Commission Catholique Justice et Paix au Liberia, précise que « massacres, viols de masse, enfants soldats… tout ce qui s’est passé en Sierra Leone s’est aussi produit au Liberia, moins les amputations systématiques », a-t-il souligné en rappelant également que « Charles Taylor n’est pas seul en cause mais quand il est devenu président en 1997, cela ne s’est pas vraiment amélioré ».

Au Liberia, ce procès de Charles Taylor qui aura duré presque cinq ans, aura, globalement, suscité surtout de l’indifférence, à en croire Aaron Weah, un membre de la société civile. Joint par RFI, il considère que les gens sont surtout préoccupés par leur vie quotidienne.

Prudence néanmoins. La paix reste tout de même fragile au Liberia où la sécurité est encore, pour l’essentiel, assurée par l’ONU, ce qui fait dire à un diplomate joint par RFI : « J’espère que Charles Taylor restera assez longtemps en prison pour que ceux qui pourraient le suivre aient fini par l’oublier. ».
 
De président à prisonnier
 
A la prison de Scheveningen, depuis près de six ans, Charles Taylor partage son temps entre sa cellule de 12 m² et les espaces communs, comme la bibliothèque ou la salle de sports. Il y fréquente les autres détenus de la Cour pénale internationale (CPI) parmi lesquels son ancien homologue ivoirien Laurent Gbagbo.
 
Son ami John Toussain Richardson qui est régulièrement en contact avec lui, confie à RFI que Charles Taylor semble s’être adapté à l’ennui que suppose une vie de prisonnier.

Pendant ces dernières années, Charles Taylor a aussi et surtout beaucoup travaillé sur son dossier. Au cours de son procès, il avait toujours, avec lui, un carnet pour prendre des notes, des posthites pour transmettre des messages à ses avocats et une batterie de stylos et de surligneurs.

rfi

A quand le tour des criminels du 28 septembre 2009 sur le stade du même nom a conakry?

 

Mamadou Saliou Kankalabe Diallo

 

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